Accueillir en institution
Accueillir en institution : De quoi sommes nous responsable ?
De quoi sommes nous responsable ?
Le 31 mai 2024 de 09:00 à 17:00
Cinéma club 6,
22000, St brieuc
France
Association Cause Freudienne en Val de Loire Bretagne Pôle de Rennes
Description
quoi s’interroger sur la responsabilité aujourd’hui ? En quoi cette notion
intéresse-t-elle les institutions ? La responsabilité est « une position qui donne des pouvoirs
de décision, et qui implique que l’on en rende compte ». Elle concerne aussi bien les
institutions que les sujets accueillis en son sein. L’étymologie du mot responsabilité nous
ramène à la dimension de la réponse, car elle est en effet « l’obligation de répondre de ses
actes ». Dès lors que l’on présume que l’institution se doit de répondre à une demande
sociétale, elle se trouve être concernée par la responsabilité. Néanmoins, cette question se
trouve au carrefour de plusieurs discours.
L’idéal du discours moderne voudrait que l’homme soit infaillible et propose de
compenser ce qui s’avère être chez lui déficitaire, insuffisant, inadapté, etc. L’homme en
pleine possession de ses moyens devrait-il être tout-responsable, s’auto-réguler, et se
passer ainsi de l’appui de l’Autre, et donc des institutions ?
La domination actuelle du discours du droit a pour effet que les droits se revendiquent pour
tous, sans distinction, et l’on demande à chacun de prendre ses responsabilités. Le
discours du droit néanmoins diffère de celui de la Justice , qui est limité par le concept d’
irresponsabilité, incluant une réponse au cas par cas. Cela permet à la Justice de répondre à
ses principes fondateurs d’humanité et de contradiction, comme a pu le dire Robert
Badinter . Les magistrats restent en place de répondre, d’assumer une décision et d’en
rendre compte, pas sans quelques autres, pas sans débat, et pas sans question.
La responsabilité relèverait-elle de l’acte de la décision, qui n’est jamais sans une
certaine angoisse ? Est-ce là un des ressorts du glissement actuel des responsabilités,
volontiers reportées sur l’autre, jusqu’à la faire endosser aux sujets accueillis eux-mêmes
comme semblent l’appeler les principes modernes d’auto-détermination ou d’éducation
thérapeutique ? Rendre responsables les individus, est-ce les rééduquer ?
Pour la psychanalyse, cet appel à la responsabilité de tous traduit, selon Jacques-Alain
Miller, « l’effort immense qui est fait aujourd’hui pour accomplir [⋯] une rectification
subjective de masse, destinée à harmoniser l’homme avec le monde contemporain, à
combattre et à réduire ce que Freud a nommé [⋯] le malaise dans la civilisation ».
Est-ce là une conséquence logique du discours moderne que de voir l’institution
désanctuarisée au profit de plus en plus de « dispositifs », de « suivis ambulatoires » qui la
mettent, ainsi que les professionnels qui la constituent, à distance, parfois jusqu’à laisser le
sujet, qui y demande accueil, livré à lui-même ?
De quoi voudrions-nous qu’un enfant soit responsable ?
La situation de handicap d’un sujet a-t-elle ou non des conséquences sur sa
responsabilité ?
Qu’attendons-nous de ces sujets qui frappent à la porte des institutions ?
La psychanalyse s’oriente du discours de l’inconscient qui a pour conséquence que « le
moi n’est pas maître en sa demeure ». Responsabilité subjective et responsabilité à l’
égard de la loi se distinguent. La responsabilité ne se pense qu’au cas par cas,
infléchissant ce qui tend à se collectiviser. Elle concerne le sujet accueilli en institution et
participe du registre de sa dignité. La psychanalyse peut être une boussole pour orienter le
travail indispensable des institutions. Lacan indique en effet que c’est « de notre position
de sujet [que] nous sommes toujours responsables ». Gageons que cette journée de travail
puisse, dans les espaces de conversation qu’elle ouvre, permettre que s’entende le vif du
désir qui fait la joie du travail dans les institutions.
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