FORMATION RESERVEE AUX PROFESSIONNELS
Adolescence et phénomènes de groupe violents
comprendre pour prendre en charge
Description
Adolescence et phénomènes de groupe violents : comprendre pour prendre en charge.
Dr Drifa WIRRMANN et Jean-Georges ROHMER, Psychiatres au sein du CRAVS - Centre de Ressources pour les Auteurs de Violences Sexuelles - Alsace
Les paradigmes de compréhension qui tentent d’expliquer des comportements de groupe au travers le prisme des traits victimaires et des problématiques purement individuelles apparaissent aujourd’hui bien obsolètes et peu opérants. Ils ont fait peu à peu place à des approches psycho-sociales et évolutionnistes qui resituent les passages à l’acte violent dans leur contexte « écologique » et « éthologique ».
Les adolescents peuvent ainsi être replacés dans un environnement bio-psycho-social où le comportement et ses aléas est expliqué par des interactions dynamiques plutôt que par de pesantes fatalités génétiques psychodynamiques et sociologiques qui apparaissent parfaitement inopérantes sur le terrain.
Les adolescents constituent ainsi des primates humains en devenir qui possèdent un ensemble extraordinaires d’aptitudes innées pour mettre en place des interactions sociales. Seulement la rapidité d’émergence et la robustesse de ces interactions sociales ne dit rien de leur valeur morale. Ainsi l’étude des mécanismes cognitifs de formation des groupes permet de mieux comprendre la signification des comportements émergents et en corollaire de renforcer ceux qui sont socialement profitables au groupe et de réprimer ceux qui sont humainement répréhensibles, étant entendu que leur origine est identique.
Il n’est pas là question d’ordre moral mais de capacité d’intégration à un groupe social avec ses valeurs d’une population vulnérable vis-à-vis des biais cognitifs et des phénomènes d’identification dominés par l’émotion et l’instantanéité. Le modèle sociétal fourni doit permettre à l’expérience groupale et à l’examen logique de prendre le pas sur l’individualisme et la croyance. Ceci passe par la soumission aux adolescents de modèles leur permettant de mettre en place une réflexion personnelle sur les idéologies qui leurs sont imposées et qui sont souvent caractérisées par la référence à des euristiques simplistes et des schémas de résolution des problèmes par la violence.
Dans une logique de groupe, la mise en place d’une règle doit pouvoir donner lieu à des sanctions et des récompenses centrées sur les actes et non les individus pour rétablir la notion d’égalité face à la règle et d’exemplarité. L’autorité au sein du groupe doit être assumée et personnalisée : le modèle managérial, en dépersonnalisant l’autorité et fondé sur des processus décisionnels consensuels n’est pas adapté au groupe humain où l’évitement de la conflictualité conduit à l’aggravation des conflits.