"Increvable religion, superstition, mirage…"

Increvable religion, superstition, mirage…

La religion guérit. À ce titre « increvable » (1), elle délivre du sens à « ce personnage répugnant », « ravagé par le verbe », qu’est l’homme moyen (2). C’est ainsi qu’en 1974, à Rome, Lacan prédit son triomphe.

Mais c’est quelques années plus tôt, dans le séminaire consacré aux Quatre Concepts fondamentaux, et à l’occasion de sa relecture magistrale du rêve « Père, ne vois-tu pas que je brûle ? », que Lacan avait livré la formule de l’athéisme : « Dieu est inconscient ». Là où l’interprétation de Freud sauve le père, Lacan fait valoir une rencontre manquée entre un père « inconscient » et un fils sacrifié.  

Il n’y a qu’au royaume des songes que cette rencontre peut avoir lieu. Y croire sinon, ce serait céder à la « superstition psychologisante » qu’épingle Lacan dans « La direction de la cure ». Ou, pour le dire autrement, ce serait céder au mirage – aussi « invincible » (3) que la religion est « increvable » – de l’identité.

Nous verrons comment la « véritable formule de l’athéisme » délivrée par Lacan éclaire notre monde contemporain et oriente celui qui s’efforce de savoir s’il « est encore là dans la psychanalyse » (4).