Conférence-débat : Violence et justice : les enjeux socio-politiques
Description
Samedi 22 novembre de 14h à 17h
Intervenants :
- Thomas Boullu, historien, université de Strasbourg
- Emmanuel Gérardin historien, université de Strasbourg
- Rachel Renault, historienne, université du Mans
- Gerrit Schenk, historien, université de Darmstadt,
- Marie Collin, responsable de l’action culturelle et éducative
aux Archives d’Alsace.
La frontière entre violence et justice est poreuse ; la distinction entre les deux notions repose moins sur la nature des actes que sur leur caractérisation, moins sur le degré de violence que sur sa qualification, autrement dit sur sa finalité et les modalités de sa mise en œuvre. Or la guerre des Paysans s’inscrit dans le cadre d’un mouvement émancipateur qui touche aux divers fondements de l’ordre établi : leurs revendications tant religieuses que sociales, économiques et politiques. C’est toute l’armature du monde médiéval qui est remise en question.
Le concept de justice est naturellement défini différemment selon les individus, groupes ou institutions qui s’en emparent. La question est bien celle de la légitimité à définir la justice et la violence. Ce pouvoir de nommer, de caractériser un acte comme relevant de la violence ou de la justice, chacun croit pouvoir s’en emparer, mais, in fine, il revient toujours au vainqueur dans l’écriture du récit national. Pour autant, la qualification d’actes violents du passé peut varier dans le temps. La temporalité du jugement politique et axiologique porté sur des actes révèle la posture adoptée par une autorité, parfois très longtemps après les faits, pour en revendiquer l’héritage ou, a contrario, pour les reléguer dans le champ de la violence exercée par une partie non représentative de la population et considérée comme illégitime.
Parce que le regard porté sur l’évolution de la violence n’est pas linéaire, il faut s’interroger sur le principe même d’une commémoration de la guerre des Paysans, 500 ans après les faits. Questionner non seulement la dénomination de « guerre », mais aussi et surtout, le besoin, aujourd’hui, de conférer une certaine légitimité à cette guerre. Pourquoi, en 2025, faire de cet événement l’un des moments fondateurs de notre modernité ? Comment caractériser la rupture qu’il introduit ? Quelle pérennité a-t-il eu et quelles en sont les traces dans notre monde contemporain ?
Localisation
Auditorium des Archives d'Alsace site de Strasbourg, 6 Rue Philippe Dollinger, 67100, Strasbourg France