
DIDONE ADONÀIS DOMINE
Description
“Temete sempre l’uomo
che ha un dovere da compiere: porterete
voi la sua croce.”
Dans les dramaturgies d’Isgrò, le classique et le contemporain sont en dialogue permanent, superposés et perméables, exactement comme dans ses œuvres visuelles.
Didon et donc nécessairement Virgile, mais pas seulement, puisque Adonàis et Domine sont respectivement les noms de Dieu en hébreu et en latin. En effet, l’histoire d’Énée, archétype de l’amant en fuite, n’est qu’une des références : ici, la dialectique tragique entre le masculin et le féminin explose et se multiplie.
On entend d’abord une vieille femme évanescente (la « petite sœur de Giovanni Pascoli »), puis une noble adultère et meurtrière (inspirée de la comtesse Pia Bellentani) et enfin une terroriste héroïnomane trahie par l’idéologie de la révolution. Trois femmes, trois époques, trois visages qu’une même interprète, « la cartomancienne la plus timide du monde », incarne tour à tour en interrogeant un chœur bizarre et protéiforme de cartes à jouer transformées en êtres humains. À travers un carrousel de personnages, les cartes donnent peu à peu vie à trois hypothèses de récits pour révéler à la protagoniste, finalement, qu’elle n’est pas Didon mais sa sœur Anne – dans une variante de la légende, ce serait en effet Anne et non Didon qui se serait suicidée par chagrin du départ d’Énée.
Le texte, rigoureusement écrit en vers, se présente comme une véritable partition musicale : la voix de Didon, immergée et perdue dans une scénographie sonore, oscille vertigineusement entre délire, psalmodie, plaidoirie, imploration et chant, à quoi répond le contre-chant des cartes dans un jeu harmonique surprenant. Le désespoir se mêle à l’ironie, la tragédie à la parodie, et il est difficile d’enfermer l’œuvre dans un genre précis (comme c’est le cas pour tous les textes qui restituent la vie).
Didone Adonàis Domine
Soliloque pour une actrice et un chœur de cartes à jouer
de Emilio Isgrò
Mise en voix : Sandra Toffolatti
d’après la mise en scène de Giorgio Sangati
Bande son originale et conception sonore : Giovanni Frison
Spectacle en langue italienne.