LA FABRIQUE DE L'ERGONOMIE
Diversités et variabilités du et au travail
comprendre et agir face aux logiques de standardisation
Au 23 janvier 2026 17:00
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Les velléités de standardisation du et au travail ne sont pas nouvelles. Sur le plan organisationnel par exemple, ces mouvements vont de la rationalisation du travail depuis la première moitié du 20ème siècle dans l’industrie (e.g. le taylorisme), l’administration (e.g. la bureaucratie) ou l’agriculture (e.g. le remembrement), au management algorithmique plus récemment, en passant par le pilotage techno-gestionnaire des organisations (e.g. l’implantation des entreprise resources planning, ERP). Dans ce contexte, force est de constater que les technologies de l’information et de la communication ont contribué à la standardisation de plus en plus grande du travail, amenant à parler de « gouvernance par les nombres » (Supiot, 2015). Or, si elles apparaissent utiles, voire nécessaires dans certains contextes, ces logiques de standardisation s’accommodent mal de la diversité et de la variabilité du travail, avec ses aléas nombreux tout autant qu’incontournables, ou de la diversité et variabilité au travail, c’est-à-dire de la singularité des personnes et de leurs parcours. Ces logiques peuvent même être délétères pour les travailleuses et travailleurs en termes de santé et préjudiciables aux systèmes de travail en termes de performance (Detchessahar & Gentil, 2024).
Dès les premiers pas de l’ergonomie, les tensions entre logiques de standardisation et prise en compte des variabilités et des diversités dans le travail ont poussé les chercheurs et les chercheuses à quitter leurs laboratoires pour appréhender le travail dans ses complexités (Teiger et al., 2006) : les enjeux de vieillissement différentiel, du travail dit « répétitif » et de ses variations, des horaires atypiques et de ses conséquences sur l’activité et la santé à court et long termes, de la formation à l’analyse du travail réel et non imaginé, ou encore de la prise en compte du genre dans la transformation et la conception du travail. Leurs travaux ont contribué à « la bataille du travail réel » engagée dès les années 50 par Suzanne Pacaud, Jean-Marie Faverge, Alain Wisner, Jacques Leplat… (Daniellou, 2006), et renouvelée depuis par les multiples logiques de standardisation des systèmes de production et de services.
En hommage à Catherine Teiger, membre de l’équipe d’Ergonomie du Cnam depuis les premières heures et disparue en novembre 2024, l’objectif de cette neuvième édition de la Fabrique de l’Ergonomie est d’explorer, de manière pluridisciplinaire, les enjeux de diversités et de variabilités du et au travail pour comprendre et agir face aux logiques de standardisation.
Ces deux journées permettront ainsi de :
- Caractériser les différentes logiques de standardisation à l’œuvre, leurs conséquences sur le travail réel (qualité, sens, fiabilité…) et explorer les tensions ;
- Repérer en quoi les enjeux de vieillissement des populations au travail ou de genre percutent ces logiques ;
- Questionner les modèles d’analyse et d’action centrés sur l’activité humaine pour considérer la diversité dans ses multiples déclinaisons du vivant.