Les « sociétés secrètes » à l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale
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Séminaire de recherche du projet Saisir et transmettre les archives courantes des ennemis idéologiques (STACEI) organisé sous l’égide de l’Institut d’histoire du temps présent (UMR 8244, CNRS-Université Paris 8) et la Maison des Sciences de l’Homme Mondes en association avec la Fédération française de l’ordre maçonnique mixte international le Droit Humain, le musée, archives, bibliothèque de la Grande Loge de France et les archives du Suprême Conseil de France, le musée de la franc-maçonnerie et la bibliothèque du Grand Orient de France
Dès l’occupation du territoire français, les Allemands s’emparèrent des archives maçonniques qu’ils considéraient comme butin de guerre. Le 13 août 1940, l’État français proclame une loi portant « interdiction des associations secrètes et obligation pour les fonctionnaires et agents de l’État à souscrire une déclaration à leur sujet ». Celle-ci implique non seulement de gérer l’ensemble des biens saisis dans les loges, mais également de ficher les membres des « sociétés secrètes » pour vérifier l’exactitude des déclarations de non-appartenance à une « société secrète » des fonctionnaires et agents de l’État. Un ensemble administratif complexe se met en place, dont le service des sociétés secrètes (SSS) est l’incarnation. Si le SSS n’est pas inconnu dans l’historiographie, il semble avoir été quelque peu délaissé. Il faut reconnaître que les fonds d’archives à la disposition des chercheurs demeuraient jusqu’à présent rares et difficilement accessibles.
Le projet STACEI, débuté en avril 2022, se situe dans le prolongement du projet de recherche ProMéTEUS, il entend éclairer la problématique de la saisie d’archives des ennemis idéologiques entre 1940 et 1944 et plus particulièrement celles des « sociétés secrètes », en comblant notamment les lacunes archivistiques. À travers ce cas particulier, il s’agit de comprendre les processus de spoliation, le parcours personnel et professionnel des acteurs de l’antimaçonnisme pendant l’Occupation, la gestion de leur héritage et d’interroger l’éthique de la transmission dans le temps long par les institutions patrimoniales. Les premiers résultats des recherches entreprises dans le cadre du projet STACEI – avec notamment la mise au jour d’importants fonds d’archives – invitent à la mise en place du présent séminaire de recherche. Pour la troisième année consécutive, nous nous attacherons donc à présenter ces avancées consolidant notre connaissance historique du SSS et à poursuivre collectivement une réflexion scientifique autour de l’administration de la lutte entreprise contre des « sociétés secrètes » et plus spécifiquement la franc-maçonnerie, durant les années 1940-1944. Nous avions dans un premier temps dressé une cartographie des archives à notre disposition et révélé, par là même, les différentes modalités de ces spoliations. Cette réflexion nous avait conduits, l’année passée, à étudier les usages des biens saisis. Cette année, nous proposons de nous intéresser aux individus et la répression antimaçonnique en France (1940-1944) : acteurs et victimes.