Pourquoi la colonisation nous hante

La colonisation du monde par les Européens a commencé au XVIe siècle. Elle s’est terminée autour des années 1960. Pourtant, elle reste un « passé qui ne passe pas ». Sa mémoire divise toujours la droite et la gauche, pèse lourdement sur les relations internationales. On le voit dans l’interminable crise entre Paris et Alger comme dans les campagnes anti-françaises menées dans le Sahel. Le meilleur moyen de comprendre les tenants et les aboutissants de cette problématique très actuelle est de reprendre de façon claire le fil de cette longue histoire. François Reynaert vous propose sur ce thème un cycle de quatre conférences.

Ces quatre conférences d’un peu plus d’une heure chacune se déroulent dans l’auditorium du Nouvel Obs ou en distanciel.

1) 2 octobre 2025 à 19h, Comment l’Europe a conquis la planète. Une force puissante est aujourd’hui à l’œuvre dans le monde : la volonté des grands pays non occidentaux de prendre leur revanche contre l’Occident, qui les a trop longtemps soumis  leur a imposé ses normes. Cette domination a commencé au 16^e siècle, avec la conquête des Amériques, bientôt suivie par une expansion vertigineuse en Asie, dans le Pacifique, puis en Afrique. Vers 1914, le nombre de pays extra-européens qui n’ont jamais été colonisés se compte sur les doigts d’une main. Comment ce phénomène a-t-il été possible ? Est il unique dans l’histoire, ou est-il comparable aux autres empires (romain, mongol, ottoman)? Sur quels ressorts idéologiques s’est -il appuyé ? Comment s’est-il terminé ? En une heure, un voyage qui commence sur les caravelles des conquistadors et nous amène jusqu’au « Sud global » d’aujourd’hui.  

2) 6 novembre 2025 à 19h, Les fantômes de l’Indochine. Contrairement à ce qui se passe avec les pays africains, la France n’a pas de relations conflictuelles avec les trois nations issues de l’ancienne Indochine. La colonisation n’y a pourtant pas été moins brutale qu’ailleurs et la décolonisation ne fut obtenue qu’après une guerre violente, pourtant cette histoire est trop oubliée. Pourquoi la France s’est-elle aventurée dans cette lointaine partie du monde ? Comment l’Indochine est-elle devenue la « perle de l’Empire » ? Comment sa fin a-t-elle fait basculer la région dans un cauchemar de trente ans ? Et quel est le lien des nombreux asio-descendants français à cette histoire ? En une heure, le périple nous fera aller de Francis Garnier, explorateur du Mékong, héros de l’“épopée coloniale”, aux Boat people des années 1970.

3) 24 novembre 2025 à 19h, La France chassée d’Afrique, la fin d’un très long cycle. En juillet 2025, les derniers soldats français quittent le Sénégal. Ils y étaient présents depuis l’indépendance, en 1960. D’autres avaient déjà dû quitter le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad, la Centrafrique, la Côte d’Ivoire, autant d’anciennes colonies qui affirment vouloir rompre avec l’héritage colonial et la « Françafrique », son succédané mis en place au moment des indépendances. Derrière ces rejets, la volonté d’autres puissances, en particulier la Russie et la Chine de prendre la place, mais aussi les blessures du passé, la traite négrière, puis la colonisation. Comment et quand cette dernière a-t-elle eu lieu ? Par quoi s’est-elle traduite réellement ? Comment Paris a-t-il réussi à maintenir son influence si longtemps après une décolonisation supposée ? En une heure, nous allons de l'île de Gorée - lieu symbole de la traite - à l’Afrique francophone d’aujourd’hui.   

4) 15 janvier 2026 à 19h, L’Algérie, terre de toutes les blessures. Il n’y a pas de pays plus proche de la France que l’Algérie. Plus d’un Français sur dix, issus de l’immigration algérienne, descendants de pied noir ou de harki, aurait un rapport direct avec ce pays. Leur histoire, comme celle qui lie les deux pays, est aussi une histoire de blessures dont le souvenir est loin d’être apaisé. On le voit à chaque nouvelle crise opposant Paris et Alger. Même quand leurs causes directes sont contemporaines (le dossier du Sahara occidental, l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal), les brûlures de l’histoire se réveillent. Essayons de comprendre d’où elles viennent. Pourquoi la France a-t-elle colonisé l’Algérie? Pourquoi cette entreprise fut-elle particulière dans l’histoire coloniale? Pourquoi l’indépendance du pays ne fut-elle acquise qu’au prix d’une guerre violente, qui fit un demi-million de morts (à 90% des Algériens) et se solda par la tragédie de l’exil pour un million d’européens? En une heure, un voyage de Sidi Ferruch - la plage où débarquèrent les soldats de Charles X en 1830 - à l’impossible dialogue entre les deux présidents, Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune.