Université d'automne 2024 du cercle zététique du Languedoc-Roussillon
Description
Qu’est-ce que le Cercle zététique du Languedoc-Roussillon (CZLR) ?
La zététique (du grec zetein, "chercher") peut se définir comme "l’art du doute" ; mais elle est avant tout synonyme de méthode scientifique et d'esprit critique. Elle amène à prendre le contre-pied de pseudo-thérapies et de pseudo-médecines qui refusent ou récusent l’évaluation et la vérification des résultats. La récente pandémie a parfaitement illustré l’importance de cet attachement à la rigueur scientifique.
Plus généralement, la zététique dénonce le caractère mystificateur des pseudo-sciences, notamment celles qui soutiennent que des phénomènes paranormaux ou surnaturels ont un impact démontrable sur notre vie, (astrologie, radiesthésie, numérologie, etc.), ainsi que le complotisme sous ses différentes formes. La zététique est donc une démarche d’éducation populaire qui vise, en s’inspirant de la méthode scientifique, à se faire une opinion fondée sur des faits et non sur des a priori ou des biais idéologiques.
Innovations pédagogiques ou dérives scolaires ?
La méthode scientifique au service de l’éducation
Pour le Cercle zététique, la question se formule ainsi : l’éducation peut-elle et même doit-elle, tout comme la médecine, être basée sur les preuves ? Pour nous, la réponse est oui ; or les décisions qui façonnent la, ou plutôt les pédagogies, sont trop rarement prises à la lumière d’une véritable démarche scientifique. C’est pourquoi, sans prétendre à l’exhaustivité, nous donnerons un aperçu de quelques-uns des défis auxquels est confronté notre système éducatif, et des réponses innovantes qu’encore aujourd’hui il est possible d’y apporter.
Cela prendra la forme de trois tables rondes et de différentes communications qui constitueront la matière de de cette 14e Université d’automne.
L'esprit critique, ce n'est pas la critique systématique, mais le recours à la démarche scientifique et logique, fondée sur la raison et non sur la pensée magique.
Le programme du samedi 28 septembre
9h30 : Accueil des participants salle Guillaume de Nogaret. Table de lectures de notre bibliothèque : Esprit critique es-tu là ? Dédicaces d’auteurs
10h–10h30 : Conférence introductive : Nicolas Gauvrit, mathématicien, Docteur en sciences cognitives.
Si le monde de l’art est pétri de mythes et croyances irrationnelles, l’éducation ne semble pas en reste. A partir de la théorie de Howard Gardner sur les intelligences multiples, nous essaierons de comprendre pourquoi l’éducation est particulièrement sujette à certaines dérives de la raison.
10h30-12h15 : Table Ronde n°1
Innovations pédagogiques : mythes et réalités ?
Introduction : André Tricot, professeur de psychologie cognitive, laboratoire Epsylon (Université Paul Valéry). Responsable du Cnesco (Centre national d'étude des systèmes scolaires), Cnam (Paris).
Peut-on évaluer les innovations pédagogiques ?
En pédagogie, de nombreuses personnes défendent et diffusent des idées telles que : « Les élèves apprennent mieux quand ils découvrent par eux-mêmes », « S’appuyer sur l’intérêt des élèves améliore leur motivation et leur apprentissage », cela avec une forte conviction mais sans compétence démontrée. Il est possible et essentiel en pédagogie de mettre en œuvre une évaluation expérimentale classique de ces idées : deux groupes d’élèves (ou plus) sont constitués par tirage au sort (un groupe apprenant sans changement avec la pédagogie actuelle, un autre groupe se voyant proposer des variantes dans la manière d’enseigner ou dans des supports considérés comme innovants). Chaque groupe réalise le même pré-test de connaissance, le même post-test, permettant de démontrer l’existence (ou l’absence) d’un gain réel d’apprentissage. Enfin, la réalisation de méta-analyses à partir des études disponibles portant sur différentes disciplines, classes d’âge, pays… aboutit à une évaluation tangible des innovations en matière de pédagogie.
Discutants :
Pierrick Labbé, professeur des Universités (Montpellier), responsable de la Licence Sciences de la Vie et chercheur sur l'adaptation des espèces à un environnement changeant.
Enseigner l'esprit critique dans le supérieur.
L’esprit critique est au cœur de la démarche scientifique, et semble donc aller de soi dans un cursus d’études supérieures en sciences... Il est effectivement au centre de nos enseignements, mais souvent de façon implicite. Face au nouvel environnement, notamment numérique, dans lequel baignent nos étudiant-e-s, il nous a paru important d’en faire un enseignement spécifique au sein de la première année du cursus de Sciences de la vie à l’Université de Montpellier. Comment ce cours a-t-il été pensé et pourquoi nous semble-t-il crucial pour nos étudiant-e-s à la fois en tant que scientifiques en formation qu’en tant que citoyen-ne-s ? Quels sont les retours après 3 ans de cette expérimentation pédagogique ?
Xavier Bry, maître de conférences en statistique à l’Institut Alexandre Grothendieck.
Apprendre en croisant les "faire".
Nous sommes, enseignants comme enseignés, sujets à quantités de biais cognitifs. Parmi ceux-ci figurent les présupposés légués par notre passé . Le dogme est présent en pédagogie autant que dans maints champs d’activité humaine, et y reste largement impensé au quotidien. Ceci pose une première question : comment immuniser son enseignement contre les biais et lui donner une chance de se libérer du dogme? Pour laisser parler les faits plus haut que les présupposés, il faut expérimenter. D’où une deuxième question : quelle forme d’expérimentation peut éviter le dérapage tout en restant assez libre ? Une expérimentation pédagogique conduite depuis trois ans en master de statistique et science des données à l’Université de Montpellier met les étudiants en situation de croiser les "faire".
Modération : Gérard Pithon (CZLR)
12h15-14h00 : Pause déjeuner snack sur place (sur inscription Weezevent)
14h00-15h30 : Table ronde n°2
Neuromythes et inclusion scolaire
Introduction : Stéphanie Aubertin, neuropsychologue clinicienne, membre du comité d'experts de l'ANPEIP (Association nationale pour les enfants Intellectuellement précoces) et du comité scientifique d'Eurotalents.
Comment déconstruire les fausses informations qui sont des prétextes pour mettre en avant des écoles alternatives à risque de dérives scolaires que ce soient les neuromythes, le supposé échec scolaire des HPI, l’éducation "positive", les enfants "atypiques"... ? Il s'agit de défendre la nécessité pour les parents de faire établir une évaluation validée scientifiquement par un professionnel avant toute décision de prise en charge dans un type d'école.
Discutants :
Stéphanie de Vanssay, conseillère nationale pédagogie et numérique à l'Unsa-Éducation, professeure des écoles, créatrice du site "Dérives scolaires".
Les dispositifs d'inclusion scolaire : comment l'école prend-elle en charge les élèves en grande difficulté ou reconnus en situation de handicap ? Les besoins de ces élèves nécessitent un accompagnement par des professionnels avec des méthodes éprouvées, loin des promesses le plus souvent farfelues (méditation, yoga, sophrologie, coaching...) développées par des "praticiens", des associations voire par l'institution elle-même.
Nicolas Gauvrit, Docteur en sciences cognitives.
Modération : Sylvie Guebel (CZLR).
15h30-15h50 :
La pédagogie, une pratique sous influence, par Paul Cozigon, professeur agrégé d’EPS, Docteur en Sciences de l’Éducation.
Dès lors qu'il s'agit d'éducation et de sa mise en pratique scolaire, la pédagogie est un enjeu de pouvoir scientifique, idéologique et politique. L'histoire de la pédagogie reflète ces diverses influences dans son application permanente et évolutive. Néanmoins , elle a des invariants qui la structurent depuis plus d'un siècle même si leur poids respectif en son sein, varie au fil du temps et des avancées scientifiques ou institutionnelles.
Comment la pédagogie évolue, comment et jusqu'où peut-elle dériver, est-on au bord d'un changement profond de son mode d'évolution ?
15h50-17h20 : Table ronde n°3
Laïcité, éducation, science : qu'en est-il des « alternatives » en pédagogie (Steiner et autres…) ?
Introduction : Jean-Michel Meyre, Docteur en sciences de l'éducation, agrégé d’EPS, enseignant à l’INSPÉ (Institut national supérieur du professorat et de l'éducation), référent laïcité.
Géraldine Méreau, Présidente du Cavesa (Collectif d’Aide aux Victimes des Écoles Steiner-Waldorf et de l’Anthroposophie).
Camille Detrivière, conseillère en accessibilité, pair-experte dans le champ du handicap et des troubles du neurodéveloppement. Diplômée de l'INSEI : titulaire DU "Autisme et apprentissages" et master PIHA2 "Pratiques inclusives handicap accompagnement accessibilité".
Lorsque l’on pense "autisme et éducation", ce n’est pas de dérives pseudo-scientifiques que l’on entend le plus parler. Pourtant il existe, nonobstant les recommandations de bonnes pratiques émises par la Haute Autorité de Santé (HAS), des méthodes alternatives cachant parfois de nombreuses dérives, se basant sur des théories invalidées ou critiquées par la littérature scientifique et les spécialistes du domaine. L’une d’elles, la méthode dite « des 3i » (pour "individuel, intensif, interactif "), s’est développée en France dans les années 2000 autour de l’association AEVE (Autisme Espoir Vers l’École) et a fait l’objet d’une évaluation défavorable de la HAS, rendue publique en 2022. En cause : d’évidents problèmes d’éthique, de crédibilité scientifique et de preuve d’efficacité. Malgré cela, grâce à la participation de bénévoles bien intentionnés, la méthode continue de faire des émules et d’apparaître comme un espoir pour des parents désespérés;
Modération : Jean-Luc Bernet (CZLR)
17h20-17h30 : conclusion par Nicolas Gauvrit
Le programme du dimanche 29 septembre
(CEMEA d’Occitanie –501, rue Métairie de Saysset)
9h30 : Accueil aux CEMEA, café, thé, jus de fruits.
10h00-12h00 :
Un exemple d’innovation pédagogique : l’animation linguistique. Jean-Luc Bernet, animateur de rencontres franco-allemandes.
Les métaphores dans le langage scientifique. Isabelle Busseau, Docteure en génétique et biologie moléculaire et cellulaire, chercheuse à l’IGH (Institut de Génétique Humaine).
Les découvertes issues de la recherche scientifique peuvent paraître, en raison de leur nouveauté, souvent difficiles à décrire et à expliquer. Le recours aux métaphores trouve une utilité certaine, d’abord parmi les chercheurs eux-mêmes, pour élaborer les modèles et théories, puis dans le cadre de l’enseignement et de la communication vers un public moins averti. Mais il y a un revers de la médaille : les métaphores entretiennent des confusions entre les objets et concepts et les images utilisées pour essayer de les faire comprendre. Ces confusions génèrent des biais qui affectent aussi bien les profanes que les chercheurs eux-mêmes, et constituent des obstacles à la communication et à l’enseignement de la science, mais aussi à son avancée. Une réflexion s'appuyant sur le récent ouvrage d’Annabelle Kremer-Lecointre et Guillaume Lecointre.
12h00-14h00 : Apéritif et repas sur place commandé en fonction des participants. Participation aux frais 10€.
14h00-16h00 :
Qu’est-ce que la médiation scientifique ? Vled Tapas, musicologue, animateur de l'ASTEC (Association pour la Science et la Transmission de l'Esprit Critique) et médiateur scientifique lui-même.
Localisation
Salle Guillaume de Nogaret, Espace Pitot - Place du professeur Mirouze, 34000, MONTPELLIER France