Université d'automne 2025 du Cercle Zététique Languedoc-Roussillon
Description
Qu'est-ce que le cercle Zététique Languedoc-Roussillon?
La zététique peut se définir comme « l’art du doute », mais elle est avant tout synonyme de méthode scientifique et d’esprit critique, une démarche qui conduit à ne pas accepter comme vrai tout ce qui est affirmé comme tel.
A l’origine enseignée par le philosophe sceptique Pyrrhon au 4ème siècle avant JC, réactualisée par Henri Broch, professeur de physique théorique à l'université de Nice Sophia-Antipolis dans les années 80, la zététique connait un regain d’intérêt face aux évolutions récentes de notre société. Les dangers d’une désinformation démultipliée par les outils nés des derniers progrès technologiques rendent plus nécessaire que jamais cette exigence de lucidité et d’objectivité.
C’est toujours inspiré de cet objectif de rigueur « scientifique », mais en veillant à ne pas tomber dans le scientisme ou l’arrogance intellectuelle, que le cercle Zététique Languedoc-Roussillon organise, année après année, une Université d'automne. L'édition 2025 sera la 15e du nom et traitera des rapports entre deux exigences : celle de l'écologie et celle de l'alimentation.
Ecologie et alimentation : que nous propose la science pour repenser les relations entre vivants : humains, animaux, plantes, micro-organismes ?
Si les immenses progrès de la technologie ont permis de nourrir la quasi-totalité de l’humanité, nombreux sont les indicateurs de l’urgence à inventer de nouveaux modèles plus respectueux tant de notre planète que des êtres vivants qui l'habitent. Et cela sans renoncer à l’objectif de « productivité » qui garantit qu’aucun être humain ne soit exclu du droit de manger à sa faim.
Les formidables apports des recherches scientifiques vont-ils nous doter des savoirs, des compétences, des techniques et des approches à la hauteur de ces enjeux ?
Les intervenants à notre Université d'automne 2025 auront à cœur de présenter, chacun dans son domaine de compétence, l’état actuel des connaissances en la matière, avec le souci de décrypter vérités et contre-vérités, désinformation et fake-news dans le domaine de l’alimentation, où l’ignorance, l’ésotérisme et la pensée magique peuvent alimenter la désinformation, au risque de dangereuses dérives.
L'esprit critique, ce n'est pas la critique systématique, mais le recours à la démarche scientifique et logique, fondée sur la raison et sur des faits avérés.
Le programme du samedi 27 septembre
9h : Accueil des participants salle Guillaume de Nogaret et café convivial. Table de lectures de notre bibliothèque : Esprit critique es-tu là ?
9h20 : Le mot de la Présidente - Elisabeth Chauvet, magistrate honoraire
9h30 : Conférence introductive - Quels enjeux pour l'alimentation de demain ?
Nicolas Bricas, chercheur socio-économiste de l'alimentation au CIRAD, titulaire de la Chaire Unesco Alimentations du monde, co-directeur du Mastère spécialisé "innovations et politiques pour une alimentation durable"
Le système alimentaire dit industriel, basé sur l'usage massif de ressources non renouvelables, a permis d'augmenter la production et de nourrir les êtres humains avec le succès que l'on connaît. Mais ses effets pervers tant en termes d'environnement et de santé qu'en termes social, économique et de gouvernance sont de plus en plus mis en lumière. Sans minimiser l'ampleur des obstacles et des freins, et en s'appuyant sur les récentes avancées scientifiques, comment développer une véritable "écologie de l'alimentation" au service de l'humanité ?
10h-12h : Table Ronde n°1 - Science et technologie au service de la transition agroécologique
Face aux défis croissants que sont le changement climatique, l’érosion des sols, la dépendance aux intrants et la nécessité de nourrir une population toujours plus nombreuse, l’agriculture est à un tournant. Cette table ronde propose un voyage au coeur des nouvelles pratiques agricoles et des avancées scientifiques qui peuvent transformer nos façons de cultiver.
Animation : Vincent Turriès, ingénieur agronome (INAPG) et ISA (Institut Sup des Affaires)
Coopération technique à l’Institut National Agronomique d’Alger (zootechnie, élevage ovin dans les zones sahéliennes), premières expériences professionnelles dans l’alimentation du bétail. Ensuite, Vincent Turriès a occupé divers postes dans l’industrie, d’abord dans l’agrochimie puis dans les biotechnologies végétales avec des responsabilités de développement et de management en France et au cours de longs séjours aux USA et au Japon. Il est actuellement impliqué dans le développement de startups.
1. Que peut-on attendre des nouvelles technologies d'intervention sur le génome?
Thierry Hardy, ingénieur agronome, ex Bayer Cropscience
Après une thèse sur les cultures cellulaires en bioréacteur, Thierry Hardy a intégré l’industrie agrochimique pour contribuer au développement des solutions biologiques (sélection végétale et biotechnologie) à travers divers postes de recherche, développement et gestion de projets. Il est actuellement actif dans l’enseignement et la formation en lien avec les semences et les biotechnologies vertes.
L’édition génomique est une nouvelle méthode inspirée d’un système de défense découvert chez les bactéries, appelé CRISPR-Cas. Elle permet de modifier l’ADN des plantes de manière très précise, comme si l’on corrigeait une “faute de frappe” dans un texte. Contrairement aux techniques plus anciennes, qui agissaient au hasard ou ajoutaient des gènes étrangers, CRISPR réalise uniquement des changements ciblés. Une simple mutation ponctuelle obtenue par CRISPR est indistinguable de celle qui pourrait survenir naturellement ou par sélection conventionnelle. Cette approche ouvre de nombreuses possibilités : rendre les cultures plus résistantes aux maladies, les aider à mieux supporter la sécheresse ou la chaleur, améliorer leur valeur nutritionnelle, ou encore réduire l’usage de pesticides et d’engrais. Elle pourrait donc jouer un rôle clé face au changement climatique et pour une agriculture plus durable. Beaucoup de pays ont déjà autorisé cette technique et facilité l’autorisation de ces plantes suivant des critères pragmatiques et rationnels. La réglementation est en cours de discussion au niveau EU.
2. Peut-on réellement se passer des pesticides ?
Fabrice Le Bellec, agronome, chercheur au Cirad
Docteur et habilité à diriger des recherches, Fabrice Le Bellec a coordonné plusieurs projets d’importance dans le cadre du plan Ecophyto. Il est spécialiste de la conception et de l’évaluation des systèmes de culture dans les DROM (Réunion et Antilles) avec un rôle d’animateur et de facilitateur pour accompagner les innovations agroécologiques. Son engagement pour la réduction de l’usage des pesticides dans les systèmes de culture date de plus de 20 ans.
Les pesticides sont des substances utilisées pour lutter contre les organismes nuisibles (insectes, champignons, mauvaises herbes) dans l'agriculture. Leur utilisation remonte à l'Antiquité, mais les pesticides de synthèse modernes ont été développés dans les années 1930. Les pesticides, combinés à d'autres techniques (engrais, irrigation, mécanisation), ont permis d'augmenter les rendements agricoles et de répondre à la demande alimentaire mondiale dans la période dénommée comme celle de "la révolution verte". La consommation mondiale de pesticides a ainsi doublé depuis 1990 (environ 40 000 tonnes utilisées annuellement en France) alors que les pesticides contaminent les écosystèmes (eaux, sols, air) et affectent la santé humaine, notamment celle des agriculteurs et des enfants. Alors pourquoi continuer à utiliser les pesticides ? Les agriculteurs en font usage pour des raisons de productivité et de rentabilité et les alternatives sont souvent plus complexes, nécessitant une approche systémique. Dans ce cadre, l'agroécologie est présentée comme un modèle alternatif viable, basé sur les services écosystémiques. L’agroécologie nécessite cependant un changement de paradigme, impliquant notamment un soutien politique et financier pour les agriculteurs. L’intervention met en lumière les avantages et les inconvénients des pesticides, tout en soulignant la nécessité de transition vers des pratiques agricoles plus durables, comme l'agroécologie. Gageons que cette ère soit celle de la double révolution verte !
3. Mythes et réalités sur la santé des sols ?
Matthieu Bravin, ingénieur des techniques agricoles, chercheur au Cirad
Docteur en science du sol (Montpellier Supagro) et habilité à diriger des recherches en sciences du vivant (Université de Montpellier), Mathieu Bravin mène depuis 2008 des recherches au Cirad sur la fertilité et la pollution des sols agricoles en France hexagonale, sur l’île de La Réunion et en Afrique
Dans l’imaginaire collectif, les nombreuses interventions humaines (labour, fertilisation, protection des cultures) nécessaires à la production agricole sont souvent considérées comme néfastes à la santé des sols agricoles. Qu’en dit la science ? Loin du mythe considérant le sol comme un être vivant en tant que tel, la communauté scientifique s’est attachée depuis plusieurs décennies à définir rationnellement la notion de santé des sols comme l’ensemble des services indispensables à notre propre santé que les sols nous rendent au quotidien (production alimentaire, réservoir de biodiversité, régulation du climat…). Notion complexe par essence, la santé des sols agricoles s’exprime à travers la manière dont les activités humaines détériorent ou au contraire restaurent, voire améliorent, les caractéristiques naturelles des sols. La santé des sols agricoles dépend donc de nous tout autant que nous dépendons d’elle. L’exposé introductif permettra de poser les bases permettant de débattre du rôle des sols agricoles et de la gestion de leur état de santé dans la transition agroécologique en cours.
Questions et débat
12h-14h : Apéritif offert et pause déjeuner snack sur place (sur inscription)
14h-15h30 : Table Ronde n°2 - Peut-on parler d'aliments "durables" ? Les nouveaux régimes alimentaires, gages de santé ?
Animation : Nicole Darmon, Directrice de Recherche honoraire et chargée de mission à l'INRAE
Nicole Darmon est experte en nutrition et santé publique. Ses recherches portent sur les inégalités sociales en nutrition et sur l’alimentation durable, avec un focus sur les contraintes économiques qui pèsent sur les choix alimentaires. Elle est présidente de l’association ActAP (Action Alimentation Positive) dont l’objet est de promouvoir une alimentation et des modes de vie sains et durables, à travers des actions de sensibilisation, d’éducation, de formation, d’évaluation et de recherche.
1. Les quatre dimensions de l'alimentation durable
Nicole Darmon
Le concept d'alimentation durable n'est que partiellement compris par les consommateurs. Il repose sur quatre dimensions essentielles qu'il convient de développer parrallèlement : nutrition-santé, environnement, facteurs socio-culturels et facteurs socio-économiques.
2. "Omnivorisme" et viande de synthèse ?
Michel Baussier, vétérinaire omnipraticien, ex-Président de l'Ordre des Vétérinaires
Alors que de nombreux travaux scientifiques portent sur le bien-être et la "conscience" des animaux et que certains méfaits de l'élevage intensif sur l'environnement sont indéniables, la viande cultivée à partir de techniques d'ingénierie tissulaire peut apparaître comme une alternative au carnisme (zoophagie). Dans ce contexte, quel est l'état actuel des connaissances sur les bienfaits et risques de la viande de synthèse basée sur la culture de cellules vivantes en laboratoire?
3. Nutrition et cancer, quelles intéractions ?
Denis Corpet, chercheur émérite du labo Toxalim de l'INRAE à Toulouse (Institut National de la Recherche agronomique et environnementale), spécialiste des liens entre alimentation et cancer
Questions et débat
15h30-16h45 : Table Ronde n°3 - Les enjeux politiques de l'alimentation
1. L'alimentation dans le processus d'emprise sectaire
Jean-Pierre Jougla, avocat honoraire, créateur du Diplôme Universitaire "Emprise sectaire et processus de vulnérabilité", Faculté de médecine Université Paris V
L'évocation de plusieurs drames permet de comprendre le danger que présente dans les groupes sectaires une adhésion inconditionnelle remplaçant aux yeux des adeptes le "réel objectif" (l'état de santé de la personne) par un "réel fantasmé". L'alimentation - qui, sous pretexte de recherche de pureté, peut rapidement devenir carencée - est une composante de l'étape de l'emprise.
La nutrition pour les sectes est indissociable de la recherche de purification du corps physique et par là même des différents corps éthériques hérités de la théosophie et du raz de marée New-Age… Alors que les sectes s’affirment comme donnant une réponse holistique aux problèmes contemporains, la responsabilité des consommateurs doit être éclairée quant aux enjeux de l’alimentation dans le "marché du spirituel".
2. Le droit à l'alimentation, une réalité ?
Patrice NDiaye, maître de conférence Droit public HDR à l'Institut Montpellier Management, Université de Montpellier
Le droit à l’alimentation, promu par l’ONU (Organisation des Nations Unies), doit permettre de choisir son alimentation pour vivre dignement, en bonne santé, dans le respect de l’environnement et des générations futures. Quels sont les freins à son application concrète et les moyens à développer par la recherche, la formation et les initiatives citoyennes pour assurer ce droit auprès des personnes confrontées à la précarité alimentaire ?
3. Changer d'alimentation est-il de la responsabilité des consommateurs ?
Nicolas Bricas
L'implication des consomm'acteurs, la consommation citoyenne, le boycott voire le consumérisme politique favorisent la transition vers une alimentation plus durable. Toutefois ils s'affirment en réaction à l'offre de l'industrie alimentaire. Peut-on repenser la gouvernance des systèmes alimentaires pour permettre aux citoyens de participer à la définition de l'alimentation qu'ils souhaitent ?
Questions et débat
17h : Et pour conclure, le mot du philosophe
Salim Mokaddem, professeur agrégé de philosophie Université de Montpellier, formateur, écrivain, conférencier
Le programme du dimanche 28 septembre
CEMEA d’Occitanie –501, rue Métairie de Saysset, Tram n°4 Garcia Lorca, parking gratuit sur place
Partenariat avec : CEMEA, AFIS, Les petits débrouillards, Pint of Science, Addictauxsciences, GNAUM, Citron Bleu, FASD-66
9h30 : Accueil et café convivial.
10h-11h15 : Vers plus d'engagement citoyen en matière d'alimentation - focus sur deux expériences :
1. Vers une sécurité sociale de l'alimentation : la Caisse Alimentaire commune de Montpellier
Pauline Schérer, sociologue intervenante, membre du collectif Territoires à VivreS
2. L'expérience associative ActAP (Association Alimentation Positive)/programme OPTICOURSES/précarité
Nicole Darmon, Directrice de Recherche honoraire chargée de mission à l'INRAE, Présidente ActAP
11h15-12h30 : Peut-on organiser un salon du bien-être hors ésotérisme ?
Stéphane Cornille, FASD ZET66, instructeur self-défense, formateur pour adultes, coconcepteur de la méthode ADAPT de gestion de la violence en milieu professionnel
Cyrille Gambari, docteur en microbiologie (Université Aix-Marseille), enseignant biologie-écologie au Lycée Professionnel Agricole de Rivesaltes
Co-organisateurs du salon du bien-être de Fitou (11510) : à la frontiére de l'Aude et des Pyrennées-Orientales a eu lieu en juin 2025 le premier salon du bien-être SAFE ("Sans Aucune Formule d'Esotérisme"). Bilan et perspectives
12h30 : Apéritif offert et repas convivial (apports de chacun complétés par une commande de pizzas). Participation aux frais 10€
14h30 : Compétitivité, durabilité, solidarité, les défis de la politique agricole européenne
Jean-Luc Bernet, membre du CZLR et Vice-président de la Maison de l'Europe de Nîmes
Questions et débat
16h : Et, pour conclure, le mot de la Présidente
Localisation
Salle Guillaume de Nogaret, Espace Pitot - Place du professeur Mirouze, 34000, MONTPELLIER France